Découvrir les palombières : randonnée inédite à Sare, pyrénées Atlantiques

Au cœur du pays basque, le village de Sare est le point de départ d’une randonnée singulière qui serpente entre crêtes et forêts. Plus qu’une simple balade, le circuit des palombières est une véritable immersion dans une tradition séculaire et un paysage façonné par l’homme et la nature. Sur près de onze kilomètres, ce parcours exigeant mais gratifiant révèle les secrets d’une culture montagnarde authentique, avec en toile de fond les sommets emblématiques de la région et des échappées visuelles jusqu’à l’océan atlantique.

Randonnée à Sare : entre nature et histoire

Un village au pied des montagnes

Classé parmi les plus beaux villages de France, Sare constitue un point d’ancrage idéal pour les amateurs de randonnée. Niché au pied de montagnes comme la Rhune et l’Atxuria, le village séduit par ses maisons traditionnelles à la façade blanche et aux colombages rouges. L’atmosphère qui y règne est une invitation à la découverte d’un territoire où l’histoire a laissé des traces profondes, des grottes préhistoriques aux légendes de sorcières, en passant par les sentiers de contrebandiers.

Sur les traces d’un passé mystérieux

La randonnée des palombières n’est pas seulement une épreuve physique, c’est aussi un voyage dans le temps. Le chemin traverse des zones où la présence humaine remonte à des millénaires, comme en témoignent les nombreux mégalithes disséminés dans les environs. Chaque rocher couvert de mousse, chaque arbre centenaire semble raconter une histoire, celle d’un pays où les mythes et les traditions sont intimement liés à la géographie escarpée des lieux.

Ce décor, à la fois sauvage et imprégné de culture, offre un cadre exceptionnel pour une marche qui promet de solliciter autant les muscles que l’imagination. C’est dans cet esprit que l’on aborde les premiers kilomètres du circuit.

Le début du circuit : suivez les panneaux jaunes

Un départ bien balisé

Pour entamer cette aventure, il faut s’éloigner légèrement du centre de Sare en direction des grottes. Après environ deux kilomètres, un parking marque le début officiel du sentier. Nul besoin d’être un expert en orientation pour se lancer : le circuit est parfaitement matérialisé par des panneaux jaunes qui guident le marcheur tout au long du parcours. La première étape consiste à traverser un petit pont de bois, qui marque l’entrée dans un environnement plus sauvage et le début des choses sérieuses.

Les premiers efforts et récompenses

Comme souvent au pays basque, l’échauffement est de courte durée. Dès le pont franchi, le sentier s’élève abruptement. La pente est raide et le chemin caillouteux met les chevilles à l’épreuve, rappelant l’importance d’être bien chaussé. Mais l’effort est rapidement récompensé. En prenant de l’altitude, le panorama s’ouvre et offre une vue magnifique sur un des versants de la Rhune, la montagne sacrée des basques, reconnaissable à la station de son train à crémaillère. Le paysage change vite, passant de prairies verdoyantes à une petite forêt dense où les premiers rochers apparaissent.

Cette montée initiale, bien que difficile, met en condition pour la suite de la randonnée et mène progressivement au cœur du sujet : les fameuses palombières qui donnent leur nom au circuit.

Les palombières : tradition et immersion en pleine nature

Qu’est-ce qu’une palombière ?

Au détour d’un virage, les premières structures apparaissent. Étranges échafaudages de bois et de métal se dressant vers le ciel, les palombières sont des postes de chasse surélevés, conçus pour la capture de la palombe, ou pigeon ramier. Certaines sont de simples constructions temporaires, tandis que d’autres, plus loin sur le chemin, sont de véritables tours en dur. Leur densité dans cette zone est impressionnante ; on en aperçoit partout, témoignant de l’importance de cette pratique dans la culture locale.

Une technique de chasse ancestrale

Le panneau explicatif croisé en chemin détaille cette chasse traditionnelle, un véritable ballet stratégique entre l’homme et l’oiseau. La méthode, appelée chasse aux pantières, se déroule en plusieurs étapes :

• Le repérage : Des vigies, postées en haut des tours de guet, repèrent une volée de palombes arrivant à grande hauteur.
• Le rabattage : Elles lancent alors des palettes en bois au-dessus du vol pour simuler une attaque de rapace. Effrayées, les palombes piquent vers le sol pour se protéger.
• La capture : En remontant la vallée au ras des cimes, les oiseaux rencontrent les pantières, de grands filets tendus verticalement qui se rabattent pour les emprisonner.
• Le tir : Les palombes qui échappent aux filets peuvent être tirées par des chasseurs postés au sol.

Un paysage façonné par la tradition

Ces installations, qui peuvent sembler anachroniques, sont en réalité le reflet d’un savoir-faire transmis de génération en génération. Elles sculptent le paysage des cols et des crêtes, créant une atmosphère unique. Se promener au milieu de ces tours de guet et de ces postes de tir, c’est toucher du doigt une partie de l’âme du pays basque, une région où la nature et les activités humaines sont depuis toujours indissociables.

Après cette immersion dans le monde de la chasse à la palombe, la randonnée continue de grimper, menant à un point de vue idéal pour une pause bien méritée.

Pause pique-nique avec vue sur la Rhune

Un panorama à couper le souffle

Le sentier débouche sur un petit plateau où des tables de pique-nique ont été installées. L’endroit est tout simplement parfait. La vue est spectaculaire, embrassant un large panorama sur les montagnes environnantes. La Rhune se dresse fièrement, tandis qu’au loin, on distingue la boule blanche de l’observatoire sur le sommet de l’Artzamendi. C’est le lieu idéal pour reprendre son souffle, se restaurer et s’imprégner de la beauté sauvage des lieux.

Bilan à mi-parcours

Le moment est propice à un petit bilan chiffré de la première partie de la randonnée. Les données du GPS sont éloquentes et confirment le caractère sportif de l’itinéraire.

Ces chiffres montrent que la première heure est intense. Le pique-nique est donc plus que bienvenu pour recharger les batteries avant d’attaquer la suite du parcours.

Ragaillardi par cette pause contemplative, le randonneur est prêt à repartir à la découverte des autres trésors que recèle ce sentier, notamment sa faune discrète.

Rencontre avec la faune du pays basque

Les habitants des montagnes

Le bruit des cloches qui résonne dans la vallée annonce la présence de bétail. Ici, il n’est pas rare de croiser des troupeaux de moutons à la tête rousse ou noire, ainsi que des pottoks, ces petits chevaux basques robustes qui vivent en semi-liberté. Leur présence paisible ajoute une touche d’authenticité à l’expérience. Plus haut dans le ciel, quelques vautours fauves planent en cercles, profitant des courants ascendants, même si leur territoire de prédilection se situe plutôt du côté du Mondarrain.

Le spectacle du ciel et de la forêt

L’environnement est également riche en faune plus discrète. Le gazouillis des oiseaux est constant, et avec un peu de patience et de silence, on peut surprendre un écureuil roux filant le long d’un tronc d’arbre. La flore n’est pas en reste, avec de magnifiques parterres d’asphodèles qui fleurissent au printemps, ajoutant des touches de blanc au vert des prairies. Pour bien observer ces détails, une paire de jumelles peut s’avérer utile.

Après avoir profité de cette biodiversité, le chemin prend une nouvelle orientation et bascule vers un final surprenant, à cheval entre deux pays.

Retour à Sare : un final entre France et Espagne

Sur le fil de la frontière

La dernière partie de la boucle suit la ligne de crête qui matérialise la frontière franco-espagnole. Le paysage change à nouveau radicalement. Le sentier offre désormais une vue imprenable sur l’océan atlantique. Par temps clair, on distingue nettement la longue bande de sable des plages des Landes qui s’étire vers le nord. La randonnée devient alors transfrontalière, un pied en France, l’autre en Espagne, avec le sommet de l’Atxuria comme point de mire.

Les derniers points de repère

Le chemin passe à proximité de palombières en dur, plus imposantes que les premières. L’une d’elles, près du col d’Ibardin, est particulièrement bien conservée et permet de comprendre l’organisation de ces structures. C’est dans ces moments, où le balisage peut se faire plus discret, qu’une carte IGN détaillée trouve toute son utilité, même si elle reste souvent au fond du sac à dos.

Échappée vers les villages voisins

La descente finale ramène vers la France et Sare. Le parcours frôle des lieux chargés d’histoire, comme Zugarramurdi en Espagne, le fameux village des sorcières, ou encore Ainhoa, autre joyau classé parmi les plus beaux villages de France. Cette proximité culturelle enrichit les derniers kilomètres d’une randonnée déjà dense en découvertes. Le retour au parking se fait en douceur, après environ quarante minutes de marche sur une petite route.

Cette randonnée autour des palombières de Sare est une expérience complète. Elle combine un défi sportif à travers des paysages basques variés, une plongée fascinante dans une tradition de chasse ancestrale et un final spectaculaire entre montagne et océan, le long de la frontière espagnole. C’est une invitation à découvrir l’âme d’un territoire où chaque sentier raconte une histoire.